C’est le monument de cœur des Bucarestois. Niché en plein centre-ville, l’Athénée roumain (« Ateneul roman ») n’est pas seulement une salle de concert à l’architecture raffinée et à l’acoustique exceptionnelle. Symbole de fierté nationale, il témoigne de l’âme de la capitale roumaine.
Certes, entre l’Arc de triomphe, le Parlement ou le monastère Stavropoleos, ce ne sont pas les édifices de renom qui manquent à Bucarest. Mais aucun ne cultive ce lien si particulier entre la culture populaire et la culture classique.
Raconter l’histoire de l’Athénée Roumain, c’est ainsi raconter l’histoire d’un pays, d’une ville et de ses habitants.
« Un lion pour l’Athénée »

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’Athénée roumain devait au départ être un manège à chevaux. En 1874, une société équestre avait en effet entamé la construction d’un cirque en périphérie de la ville – les frontières de Bucarest étaient à l’époque très différentes de ce qu’elles sont actuellement. Le projet fut cependant rapidement abandonné faute d’argent.
Quelques années plus tard, la Société philharmonique de l’Athénée roumain (« Societatea filarmonică Ateneul român »), une association composée des intellectuelles les plus en vue de Bucarest présidée par le diplomate Constantin Esarcu, proposa aux autorités de reprendre le chantier. L’idée était de bâtir un lieu ouvert au plus grand nombre célébrant les arts et la science.
Sitôt le terrain cédé, une souscription nationale fut organisée afin de collecter les fonds nécessaires. Son slogan ? « Dați un leu pentru Ateneu »/« Donnez un leu pour l’Athénée » – le leu (« lion » en français) est la monnaie roumaine.
Cet appel à la générosité rencontra un vif succès, et les travaux purent commencer le 26 octobre 1886.
Recommandé par Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra Garnier de Paris, c’est le Français Albert Galeron, déjà bien connu des locaux pour avoir réalisé quelques années plus tôt le palais de la Banque nationale, qui fut choisi pour les mener à bien.
Un petit bijou d’architecture

Ce n’est cependant ni Albert Galleron, ni l’équipe d’ingénieurs roumains qui l’entourait, qui ont décidé de donner une forme circulaire à l’Athénée : les fondations du manège équestre n’ayant pas été rasées entretemps, elles furent réutilisées telles quelles.
En revanche, les yeux rivés sur le Paris de la Belle Époque, ce sont bien eux qui ont opté pour ce style néo-classique très en vogue au même moment dans la capitale française.
D’une beauté solennelle, la façade est ainsi ornée de huit colonnes qui lui donnent des airs de temple de la Grèce antique.
Elle est également agrémentée d’une frise sur laquelle sont inscrits les noms de grandes figures intellectuelles roumaines, tandis que cinq médaillons en mosaïque rendent hommage aux souverains les plus emblématiques du pays (Neagoe Basarab, Alexandru cel Bun, le roi Carol I, Vasile Lupu et Matei Basarab).
Haut de 41 mètres, l’Athénée roumain est coiffé d’une impressionnante coupole baroque. Détail inédit pour l’époque, elle est renforcée par une structure circulaire en métal qui la protège en cas de secousses sismiques.
À l’extérieur enfin, s’étend un jardin public particulièrement apprécié des habitants où a été érigée une sculpture du poète romantique Mihai Eminescu (1850-1889).
L’intérieur de l’Athénée n’est toutefois pas en reste. Passé le somptueux vestibule en marbre qui accueille les visiteurs, vous serez ensuite ébahi par les douze colonnes qui soutiennent la voûte centrale. Puis par les quatre escaliers en spirale qui mènent à l’auditorium.
Loin de rivaliser en termes de capacité avec ses voisins européens (avec 600 petites places assises, mieux vaut s’y prendre à l’avance pour réserver), il dégage un surprenant degré d’intimité.




Le patrimoine culturel du pays y est de nouveau mis à l’honneur avec une fresque de 70 mètres de long et 3 mètres de large encerclant la salle. Peinte par Costin Petrescu (1872-1954) en 1938, elle comprend 25 tableaux mettant en scène le roman national, de l’entrée de l’empereur Trajan en Dacie à la création de la Grande Roumanie.
[Notez que sous la dictature communiste, ladite fresque était recouverte d’un drap en velours afin de dissimuler à la foule le rôle de la monarchie.]
La beauté des murs n’est cependant pas la seule raison pour laquelle les mélomanes les plus exigeants se pressent à l’Athénée roumain.
Une acoustique quasi parfaite
Le bâtiment a en effet été pensé dans le moindre détail pour faire de chaque concert une expérience immersive.
C’est tout d’abord le dôme qui joue un rôle fondamental. Sa forme concave permet, d’une part, de réfléchir au plus près la tonalité de chaque instrument, et de l’autre, les matériaux de construction sélectionnés (le stuc, le marbre…) favorisent la diffusion homogène des sons.
Ce sont ensuite des experts en acoustique qui se sont assurés que, contrairement à l’immense majorité des salles où toutes les places ne se valent pas (celles trop proches de la scène sont généralement à éviter), l’auditeur puisse ici savourer toute la puissance et toute la nuance d’une symphonie peu importe son siège.
C’est enfin cet orgue majestueux qui trône en son sein depuis 1939, le Grand Orgue. Financé lui aussi par une levée de fonds, non content d’ajouter une touche de splendeur à la pièce, il participe à donner au son un cachet que vous n’entendrez nulle part ailleurs.
L’Athénée roumain, plus que de la musique

Inauguré officiellement le 5 mars 1889, à une époque de montée de la conscience nationale, l’Athénée accompagne depuis l’évolution de la société roumaine. Que ce soit du côté de la petite histoire ou de la grande.
En 1919, il a accueilli la réunion du Parlement entérinant la naissance de la Grande Roumanie… En 1944, sa coupole a été endommagée par une bombe lâchée par les Allemands… En 1948, décoré de portraits de Staline, il vit la naissance du Parti ouvrier roumain…
Aujourd’hui moins politisé, il est le siège du renommé Orchestre Philharmonique George Enescu (et du non moins renommé festival international du même nom qui se tient tous les deux ans), tandis qu’il accueille tout au long de l’année foison d’expositions, de conférences… ainsi que des spectacles scolaires et des concerts de Noël.
Madeleine de Proust pour tous les Bucarestois, l’Athénée roumain est devenu, près de 150 ans après la pose de sa première pierre, cette « grande institution » que Constantin Esarcu appelait de ses vœux.
Envie de découvrir l’Athénée roumain ?



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