Injustement méconnu dans nos contrées, c’est pourtant l’un des évènements de musique classique les plus prisés d’Europe. Organisé tous les deux ans dans le cœur de la capitale roumaine, le Festival George Enescu se tiendra cette année du dimanche 24 août au dimanche 21 septembre.
Fondé en 1958, il honore la mémoire de George Enescu. Compositeur, violoniste virtuose et chef d’orchestre, il est considéré comme l’un des plus grands musiciens du 20ème siècle – Pablo Casals disait de lui qu’il était « le musicien le plus étonnant depuis Mozart ».
Au fil du temps, le Festival George Enescu a toutefois élargi sa programmation, devenant un rendez-vous incontournable pour toute la scène internationale.
Songez que pour cette 27ème édition, ont été conviés plus de 4 000 musiciens originaires de 28 pays différents afin de donner près de 100 concerts !
Une programmation pléthorique donc (on parle ici de 80 ensembles, chœurs et orchestres pour une moyenne de quatre concerts par jour !), mais qui réussit le tour de force à allier quantité et qualité.
Que ce soit pour un weekend, une semaine, ou pour toute la durée du festival, Musique à l’Est vous propose d’organiser votre séjour à Bucarest de A à Z. Une expérience unique dont vous reviendrez avec des souvenirs plein la tête… et les oreilles !
Une édition 2025 particulièrement relevée
Outre l’hommage rendu au compositeur disparu il y a 70 ans cette année (né le 19 août 1881, George Enescu est décédé le 4 mai 1955), le festival commémorera également le souvenir d’autres musiciens de génie dont on fête les « anniversaires » : Maurice Ravel (né il y a 150 ans), Gabriel Fauré (né il y a 180), Pierre Boulez (né il y a 100 ans), Arvo Pärt (né il y a 90 ans), Dmitri Chostakovitch (né il y a 50 ans) ou Jean-Sébastien Bach (né il y a 340 ans).
Cette ouverture à l’internationale se traduit ainsi par la venue de prestigieuses formations (l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre national de France, le Royal Concertgebouw Orchestra, l’Orchestra dell’ Accademia nazionale di Santa Cecilia, le Philharmonia…), de solistes de renom (la pianiste argentine Martha Argerich, la violoniste allemande Anne-Sophie Mutter, la chanteuse lyrique lituanienne Asmik Grigorian, le violoncelliste autrichien Kian Soltani…) et de chefs d’orchestre star (James Gaffigan, Daniel Harding, Keri-Lynn Wilson, Santtu-Matias Rouvali…).
Largement de quoi valoir à Bucarest le titre d’épicentre mondial de la musique classique pendant quatre semaines.
Un lien fort avec la France
George Enescu a toute sa vie entretenu une relation profonde et intime avec la France, lui qui fut admis à 13 ans au Conservatoire de Paris où il étudia aux côtés de Maurice Ravel, sous l’étroite supervision de Gabriel Fauré.
Et lorsqu’il fuit le communisme au sorti de la Seconde Guerre mondiale, c’est à Paris qu’il vint passer les dernières années de sa vie – son corps repose au Père-Lachaise.
Directeur artistique du Festival George Enescu depuis 2021, le roumain Cristian Măcelaru (le fougueux chef d’orchestre en phot de couverture, c’est lui), qui office en parallèle comme directeur musical de l’Orchestre national de France depuis 2020, a d’ailleurs déclaré « qu’Enesco est au moins aussi Français, sinon plus que Roumain, par sa culture, son éducation ».
Dans cet ordre d’idée, l’édition 2025 du Festival George Enescu rend hommage à l’héritage musical francophone qui a inspiré et enrichi l’art d’Enescu à travers plusieurs performances d’orchestres (dont l’Orchestre national de France), de solistes (les frères Renaud et Gautier Capuçon seront présents) et d’ensembles de musique de chambre.
Outre ses maîtres Ravel et Fauré, le programme fera également la part belle à Debussy, Boulez, Bizet, Berlioz et Rameau.
Des concerts dans des lieux d’exception
Non, l’architecture de Bucarest ne se résume pas à un capharnaüm d’immeubles rectangulaires rappelant les heures sombres du communisme.
C’est même tout le contraire !
Fière d’un patrimoine d’exception, la capitale roumaine peut en sus s’enorgueillir de proposer des salles de concert parmi les plus raffinées.
C’est donc logiquement que les organisateurs du Festival George Enescu exploitent ce cadre au maximum.
Ainsi, vous pourrez apprécier l’acoustique sans pareil de la Sala Radio, le faste des 3 000 places assises de la Salle du Palais (Sala Palatului), le toit rétractable du Théâtre de l’Odéon (le seul théâtre d’Europe pourvu d’une telle fonctionnalité), ou encore de l’immense scène de l’Opéra national de Bucarest (24 mètres de large, 20 mètres de profondeur, 30 mètres de haut !).
Tout cela évidemment sans oublier LE monument de cœur des Bucarestois, l’Athénée roumain. Bijou de style néo-classique aux airs de temple de la Grèce antique (nous vous racontons tout dans cet article), il accueillera notamment une série de concerts nocturnes !
Difficile de ne pas saliver à la vue de de la bande-annonce ci-dessous :
Les incontournables
Avec 95 concerts prévus du dimanche 24 août au dimanche 21 septembre (!), difficile de ne pas trouver son bonheur.
Voici une sélection parfaitement subjective de 7 dates à ne pas manquer – pour découvrir le programme complet et détaillé (et en français), cliquez ici.
- Le concert d’ouverture de l’Orchestre Philarmonique George Enescu dirigé par Cristian Măcelaru qui interprètera Poème roumain op. 1 de George Enescu (le dimanche 24 août)
- L’Orchestre de la Liberté Ukrainienne dirigé par Keri-Lynn Wilson qui interprétera Tannhäuser et Tristan & Isolde de Richard Wagner (le lundi 25 août)
- L’Orchestre de l’Académie Nationale de Santa Cecilia qui interprétera, avec Martha Argerich au piano, Pastorale-fantaisie de George Enescu, la Symphonie n° 2 de Brahms et Concerto pour piano et orchestre n° 1 de Beethoven (le dimanche 31 août)
- L’Orchestre de Chambre de Lausanne qui interprétera, avec Renaud Capuçon au violon, la Quatrième Symphonie de Beethoven, le Concerto en ré mineur de Bach et Aria de George Enescu (le lundi 1er septembre)
- L’Orchestre de l’Opéra National de Bucarest qui interprétera Œdipe de George Enescu (le lundi 15 septembre)
- Le Chœur de Chambre de la Philharmonie Estonienne qui interprétera Le Chant de la forêt de George Enescu, Louez l’Éternel, vous toutes les nations de Bach, et Bogoroditse Devo des Vêpres de Sergueï Rachmaninov (le vendredi 19 septembre)
- L’Orchestre Royal du Concertgebouw qui interprétera, avec Jean-Yves Thibaudet au piano, sous la baguette de Klaus Mäkelä, Rhapsodie roumaine n°1 de George Enescu et Le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky (le dimanche 21 septembre)
Visiter Bucarest à l’occasion du Festival George Enescu ?
Capitale au charme insoupçonné, que vous soyez féru de monuments, amateur d’art, passionné d’histoire, ou tout simplement curieux, Bucarest va vous surprendre.
Rien de tel que de flâner dans ses rues pour tomber sur ses trésors cachés. Librairies anciennes, passages secrets, ateliers d’artistes, cafés aux murs de briques chargés d’histoire… Bucarest se visite comme un jeu de piste.
Ville où la culture est reine, les musées et galeries d’art y pullulent. Des plus prestigieux (le musée national d’art de Roumanie, le musée du village roumain…) aux plus insolites (le musée du kitsch, le musée du parfum, le musée des cartes…).
Autre atout, et non des moindres : la gastronomie ! Sous la férule de chefs locaux se faisant une joie de conjuguer tradition et modernité, la scène culinaire y est en plein essor. La revue National Geographic a d’ailleurs récemment consacré Bucarest comme « LA capitale gastronomique européenne en devenir ».
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