C’est LA question qui taraude toutes celles et ceux sur le point d’assister pour la première fois de leur vie à une représentation de Carmen de Bizet ou de La Traviata de Verdi : comment s’habiller pour aller à l’opéra ? Faut-il impérativement se mettre sur son 31 pour pouvoir rentrer ? Faut-il absolument s’endimancher aux confins du cliché (queue de pie et souliers vernis pour Monsieur, robe à traîne et bijoux de famille pour Madame) pour s’assurer de passer la soirée sans être foudroyé du regard par l’assistance ?
Victime de son image élitiste, pour ne pas dire snobinarde, l’opéra intimide avant même d’avoir posé un pied dans l’auditorium. Ce qui est assez injuste.
Un peu d’histoire
Bien sûr, cette réputation ne sort pas de nulle part. Dès ses origines, l’Italie du 16e siècle, jusqu’à encore très récemment, l’opéra était un haut lieu de mondanités pour les classes supérieures. Un lieu où il fallait se faire voir. Un lieu où le spectacle se déroulait aussi bien sur scène qu’en dehors.
Nobles et grands bourgeois se devaient donc de tenir leur rang.
Que ce soit avant la représentation, pendant la représentation ou à l’entracte, chacun épiait son prochain tout autant qu’il était épié – raison pour laquelle pendant longtemps les loges étaient tournées, non pas en direction de la scène, mais en direction du public.
Chez les hommes le smoking dernière mode était ainsi de rigueur, tandis que les femmes rivalisaient de raffinement (ou tout du moins d’une certaine idée du raffinement) à coup de robes et d’accessoires hors de prix.
Et gare à ceux qui avaient l’impudence de porter une tenue datant de la saison précédente…
Cette ambiance de cour n’a cependant pas survécu à la démocratisation de l’opéra survenue dans les années 70.

Smoking/No Smoking ?
Institution devenue un peu trop poussiéreuse avec le temps, sous l’influence des directeurs d’établissements, l’opéra tente à cette époque d’attirer un nouveau public en son sein.
Finis les dress codes d’apparats, place au « venez comme vous êtes ».
L’idée c’est de pouvoir aller à l’opéra comme si on allait au cinéma ou au McDonald’s. À l’exception de rares occasions (certaines premières, les soirées de gala…), chacun est désormais libre de venir habillé comme il le souhaite.
Ou pour citer directement le site internet de l’Opéra de Lyon : « S’il n’est pas interdit de venir promener son élégance à l’opéra, l’époque est révolue où la queue de pie ou la robe de cocktails étaient de rigueur. Jeans, tee-shirts et pulls à carreaux y sont les bienvenus. L’important, c’est d’être bien dans ses baskets. Ou ses mocassins à glands. Chacun est libre. »
Oui, vous avez bien lu : jeans, t-shirts et baskets sont acceptés ! Pratique si après le travail vous n’avez pas le temps de vous changer…
Ceci posé, faut-il pour autant considérer l’opéra comme un spectacle comme un autre ?

L’habit fait le moine
On est tout de même en droit de trouver un peu curieux cette course au relâchement – pour ne pas dire ce nivellement par le bas.
Une nuit à l’opéra, c’est toujours une nuit un peu spéciale, une nuit de fête. Faire un petit effort de présentation, pour soi et pour les autres, n’est pas une corvée. Ne serait-ce que par égard pour des artistes (danseurs, vocalistes, musiciens…) qui ont consacré des milliers d’heures de travail à parfaire leur art – et qui font eux le maximum pour se montrer sous leur meilleur jour.
Ne pas se pointer en short et jean t-shirt troué à une représentation, c’est aussi éviter de faire tâche dans un environnement prestigieux où règnent marbre, moulures dorées, lustres en cristal et chaises en velours.
Ici, on préférera donc citer le règlement intérieur de l’Opéra d’État hongrois de Budapest qui résume plutôt bien les choses : « L’opéra d’États hongrois n’impose aucun code vestimentaire, mais nombreux sont nos invités qui profitent de l’occasion pour s’habiller élégamment par respect pour le lieu et pour les autres invités. »
7 conseils pour s’habiller pour aller à l’opéra
1. Messieurs, une veste sombre, une chemise repassée et une paire de souliers font amplement l’affaire.
2. Si vous partez en voyage pour le weekend et comptez vous rendre à l’opéra, voici un tutoriel très simple pour plier votre veste dans votre valise sans la froisser :
3. Mesdames, privilégiez une robe ou un tailleur. Si vous souhaitez en faire plus, soyez les bienvenues.
4. Évitez toutefois de tomber dans l’ostentatoire (gros bijoux, robes à traines, parfum à outrance…). En 2025, l’élégance se fait discrète.
5. Ne négligez pas le confort. Difficile de s’émouvoir pour une œuvre si vous passez la soirée à vous tortiller sur vote siège à cause d’une jupe fourreau, ou de souliers neufs trop rigides.
6. N’oubliez pas qu’un vestiaire est à votre disposition. Vous pouvez venir avec votre manteau, votre parapluie ou votre sac, et ne pas vous encombrer avec une fois assis.
7. Toutes les recommandations prodiguées dans cet article valent également pour les concerts de musique classique !